Une instruction polyglotte, c’est possible!
Ana est mère de 4 enfants de 2 à 7 ans et fait l’école à la maison depuis 4 ans. Elle est une des membres fondatrices d’Ex Corde Schola. Originaires du Pérou, Ana et son mari parlent majoritairement espagnol à la maison. Cependant, ils ont choisi d’instruire leurs enfants principalement à l’aide d’un programme américain anglophone : Seton Home Study School. Ana répond aujourd’hui à des questions fréquemment posées sur l’école-maison en plusieurs langues.
- Pourquoi avoir choisi le programme Seton?
Nous voulions un programme complet de base, bien structuré, d’excellent académiquement et qui mette l’accent sur la foi catholique. Le programme permet d’apprendre la foi d’une façon intégrée. Ainsi, l’expérience et l’expression de la foi deviennent naturelles. C’est notre point de départ à partir duquel nous adaptons les sujets selon les rythmes et les intérêts de nos enfants.
- Vos enfants parlaient-ils déjà anglais lorsque vous avez débuté ce programme? Comment vous y êtes-vous pris?
Ils avaient un niveau élémentaire d’anglais lorsqu’on a débuté ce programme. Nous avons commencé quand nos deux premiers enfants avaient 4 ans et 3 ans. Au début, je lisais les consignes du programme en anglais et je les traduisais en espagnol. Maintenant, je fais la traduction de quelques mots ou on va chercher les mots dans le dictionnaire. Nous avons instauré aussi la pratique de l’anglais trois jours par semaine (mardi, jeudi et samedi), du français trois jours par semaine (lundi, mercredi et vendredi) et de l’espagnol un jour par semaine (dimanche). D’un autre côté, nous avons commencé à écouter des vidéos et de la musique seulement en anglais ou en français, et parfois on profitait de quelques vidéos et chansons en espagnol. Suivre ce programme pour mes enfants me permet d’approfondir en même temps mes connaissances de la langue anglaise.
- Comment voyez-vous leur apprentissage du français?
À chaque jour, nous sommes très impressionnés de voir qu’ils comprennent de mieux en mieux le français. Comme toute nouvelle langue, le processus d’apprentissage a commencé par l’écoute. Une fois qu’ils ont gagné assez de confiance, ils ont commencé à parler, lire et écrire. C’est grâce à l’exposition au français qu’ils peuvent l’apprendre, soit dans les cours de sport, de danse, de piano, de la natation et de la gymnastique, de la journée CO-OP à Ex Corde Schola ou dans la vie quotidienne hors de la maison.
- Complémentez-vous le programme pour que vos enfants apprennent à lire et écrire le français et l’Espagnol?
Oui, on a choisi quelques manuels de langue maternelle des deux langues, tels que « Je Lis et J’écris » ou « Coquito », avec lesquelles je mets l’emphase surtout sur la lecture. On fait aussi des révisions des règles grammaticales et de prononciation. Les livres d’histoires ainsi que des livres divers de lecture dans ces deux langues contribuent très bien à leur apprentissage.
- Comment se passe l’apprentissage de la lecture en plusieurs langues?
Au début, les enfants n’étaient pas motivés à lire en français et en anglais. Quand j’ai proposé des petits livres en espagnol, ils ont pris le goût de la lecture et à un certain moment, ils ont commencé à lire dans les deux autres langues. Maintenant, ma fille de 7 ans est capable de lire des romans dans les trois langues et mon fils de 6 ans, des bandes dessinées ou des atlas pour enfants aussi dans les trois langues.
- Comment comparez-vous les développements et les acquis langagiers de vos enfants? Leur apprentissage a-t-il été différent de la moyenne?
On voit que nos enfants sont capables de suivre des manuels et des cahiers pour enfants de leur même âge scolaire. Cela nous donne une idée de leur niveau par rapport aux autres enfants. Je dirais seulement que l’apprentissage de trois langues en même temps, on ne le voit pas si souvent et que le défi est plus grand.
On se rend compte que nos enfants parlent aussi bien que les enfants qui parlent seulement espagnol. Parfois les enfants hispanophones qui habitent au Québec parlent espagnol avec beaucoup d’erreurs, parce qu’ils passent la plupart de leur temps hors de la maison.
Finalement, nous sommes conscients que nos enfants auront un retard dans l’apprentissage des langues secondes, mais on a bon espoir que nos enfants sauront bien se débrouiller dans la société une fois adultes.
- Le fait que vous soyez hispanophones a-t-il influencé votre choix de pratiquer l’instruction en famille?
Non, pas du tout. En fait, au début, nous croyions que l’instruction en famille serait une limitation à l’apprentissage des autres langues parce que nous parlons plus l’espagnol à la maison et parce que nous avions en anglais et français un niveau intermédiaire ou avancé. Mon mari et moi, nous avons appris l’anglais quelques heures par semaine à l’école primaire et secondaire, et après dans un centre de langue. Quant au français, nous l’avons appris il y a 10 ans. Donc, si nous avons appris ces deux langues sans immersion anglophone ou francophone et avec des professeurs péruviens, et que nous sommes capables de bien nous intégrer dans cette société, nos enfants ont encore plus d’avantages et de possibilités de bien réussir.
- Quelle langue vos enfants parlent-ils entre eux?
Ils parlent espagnol entre eux et avec la famille ou des amis hispanophones. Mais, dès qu’ils voient une personne francophone ou anglophone, ils sont capables de bien changer la langue de communication.
Un grand merci à Ana et Andrès Revilla d’avoir répondu à nos questions ! Nous espérons que leurs réponses et le succès de leurs enfants sauront encourager d’autres familles qui, elles aussi, ont à gérer un apprentissage en plusieurs langues. Il n’y a rien d’impossible !